Le Togo a été subdivisé en 117 communes, dotée chacune d’une autonomie financière dans sa gestion depuis qu’il s’est engagé dans le processus de la décentralisation. Chacune d’entre elle a grand besoin de moyens surtout financiers pour se développer. L’un de ses moyens est la perception des taxes de tickets de marchés pour renflouer leurs caisses. C’est le cas de la commune Agoè-Nyivé 1 dans le district autonome du Grand Lomé. Le seul grand marché de la commune « Assiyéyé » s’anime tous les 5 jours. Cependant, on observe les autres jours une animation non moins importante.
Déjà à 7 heures, l’affluence est grande dans ce marché. Les collecteurs de taxes commencent leurs services une heure plus tard. Plusieurs taxes sont perçues dans ce marché, entre autres, les taxes de marchandises, de la place occupée et pour les sanctions. Akoussiwa, teint noir, corpulence moyenne, la cinquantaine assise devant son étalage d’alimentation générale confirme : « Si tu arrives au marché avec des marchandises, le collecteur de ticket va te taxer. Je paie parfois 2000 F.CFA pour 10 colis de savons. Il faut aussi payer la place occupée qui revient à 200 F CFA par parcelle. Je paie 600 F CFA par jour, puisque j’occupe trois parcelles délimitées, sauf le dimanche où le ticket n’est pas perçu ».
Malgré les différentes techniques utilisées pour collecter les tickets de marché, certains commerçants utilisent encore des stratagèmes pour contourner ces taxes. Azmi, la trentaine, revendeuse d’épices donne son avis sur le sujet. « Les gens fraudent, en complicité avec les collecteurs. Ils payent le ticket d’une place au lieu de deux. Pour 400 F CFA par exemple, ils donnent 200 F CFA ». Elle relève que certains commerçants jouent avec les collecteurs de tickets. Connaissant le temps de passage du collecteur, ils quittent leurs étalages et vont se cacher. Ils ne reviennent qu’après. D’autres commerçants croient même que les fonds issus de la vente des tickets vont dans les poches des conseillers municipaux avec la bénédiction des collecteurs.
Babadi, membre de la régie du marché, explique : « les fonds collectés sont versés au trésor public et la gestion est assurée par la mairie Agoè-Nyivé 1 ». Il précise que celui qui ne paie pas ces taxes, pénalise la mairie car les fonds permettent de construire des infrastructures en faveur de la population. Babadi cite, entre autres, la réhabilitation des hangars, la construction des routes et leur entretien, le curage des caniveaux, la gestion des ordures du marché. Il souligne que les effets de la vie chère ont amené les autorités à suspendre ces taxes.
Suspension des taxes de tickets de marchés, un manque à gagner pour la mairie
Depuis mai 2022, le gouvernement, à travers un communiqué, a suspendu le payement des taxes de tickets de marchés pour soutenir le pouvoir d’achat des populations en cette période d’inflation.
Les commerçants du marché d’Agoè Assiyéyé se réjouissent actuellement de la suspension de ces tickets de marché. Ils ignorent que c’est un manque à gagner pour la mairie qui a besoin des fonds pour sa survie et ses réalisations des projets de développement de la commune.
Pour permettre aux structures de gestion des marchés (l’Etablissement public autonome pour l’exploitation des marchés de Lomé, Régies des marchés et Mairie) de minimiser le manque à gagner, l’Etat a accordé une subvention aux communes. La collette des taxes de marché reprendra en janvier 2023. C’est le lieu d’inviter les revendeurs des marchés à se préparer pour cette relance afin de permettre aux communes de se développer.
Farrida OURO-ADOI