Par TANKROUKOU Daka Ignace
La série d’activités initiées par la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), dans le cadre de la semaine de la CEDEAO 2023, a pris fin le vendredi 26 mai par une conférence sur « Le rôle des institutions de financement du développement (IFD) dans la promotion de la croissance et du développement durable en Afrique de l’ouest ». Elle a réuni des personnalités du monde de la finance sous-régionale. Quels sont les secteurs prioritaires qui nécessitent des financements pour booster le développement des pays membres et le rôle de la BIDC dans la promotion de la croissance économique.
L’organisation de cette semaine a pour objectif non seulement de commémorer la création de la CEDEAO mais également de mettre en lumière les engagements de la BIDC et leurs impacts au niveau de la sous-région, d’aborder la question du financement des secteurs socio-économiques clés dans la sous-région ainsi que les opportunités et les défis de financement dans les conditions actuelles du marché financier.
Les échanges de la conférence ont porté sur les opportunités et des défis de financement dans les conditions actuelles du marché financier. Il s’est agi de discuter des opportunités d’investissement à fort potentiel et d’échange d’influence afin de promouvoir un dialogue de haut niveau sur les besoins socio-économique de la sous-région. La problématique de l’industrialisation de l’Afrique et la sécurité alimentaire ont été les points saillants de la conférence. Il ressort des discussions que l’industrialisation est la voie la plus fiable pour le développement économique. « La transformation structurelle et la création d’emploi en quantité suffisante passe par l’industrialisation. Nous faisons beaucoup d’investissements dans les infrastructures mais le levier le plus important c’est le capital humain » a relevé l’un des panéliste, Fily Sissoko, Représentant résident de la Banque mondiale pour le Togo. Cependant il précise qu’ « on se focalise sur le capital physique, financier, humain mais le capital le plus important c’est le capital social ».
La directrice l’Agence française de développement (AFD), Zolika Bouabdallah une des panelistes est revenue sur la sécurité alimentaire. « Pour intervenir dans le secteur du développement appliqué à l’agriculture c’est-à-dire développer une agriculture durable et résiliente qui appuie la souveraineté alimentaire dans les Etats, il faut d’abord travailler sur l’accès à des facteurs de production qui soient respectueux d’une agriculture durable. Il s’agit des engrais biologiques, l’accès à ressource en eau et l’accès aux services de base, notamment l’éducation, de l’énergie et puis travailler avec le secteur privé comme notre filiale », a poursuivi Mme Bouabdallah.
Rôle de la BIDC dans la promotion de la croissance économique
Avant le panel, Dr George Agyekum Donkor, président de la BIDC a entretenu l’auditoire sur « la BIDC hier, la BIDC aujourd’hui et la BIDC demain ».
La CEDEAO, un regroupement de 15 pays d’Afrique de l’Ouest a été créée pour promouvoir l’intégration économique et la prospérité pour tous. A cet égard, un certain nombre d’institutions/agences ont été créées au fil du temps pour constituer l’épine dorsale de la réalisation de cette noble mission. L’une de ces institutions est la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC).
Dr Donkor relève que la BIDC a été l’une des principales institutions créées par la Conférence des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO et, en tant qu’institution de la CEDEAO, qu’ils sont fiers de célébrer cette occasion propice et de mettre en évidence les idéaux et la vision des pères fondateurs de la CEDEAO. Il a souligné que la contribution que la Banque a contribué au fil des ans à la réalisation de ces idéaux.
Le président de la BIDC a précisé que l’objectif de cette conférence est de souligner le rôle clé que les IFD comme la BIDC ont joué dans la promotion de la croissance économique et du développement durable dans sous-région. Il a affirmé que son intervention vise à souligner la modeste contribution que sa banque a apportée à la réalisation de la vision des ancêtres et à mettre l’accent sur les interventions qu’ils feront pour consolider les acquis réalisés jusqu’à présent.
La BIDC hier
La BIDC a été créée le même jour que la CEDEAO, le 28 mai 1975, avec tous les Etats membres de la CEDEAO comme actionnaires. Le Fonds de la CEDEAO, comme on l’appelait alors, a commencé ses activités en 1979 et a subi diverses transformations depuis lors.
En 1999, dans un souci d’amélioration des performances, la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO a réorganisé le Fonds de la CEDEAO en une société holding (le Groupe BIDC) avec deux filiales spécialisées : le Fonds régional de développement de la CEDEAO (FRDC) dédié au financement du secteur public ; et la Banque régionale d’investissement de la CEDEAO (BRIC) dédiée au financement du secteur privé.
Après avoir fonctionné pendant un certain temps sous cette forme, la Conférence des chefs d’État et de gouvernement a consolidé en 2006 le Groupe BIDC en une seule entité chargée de promouvoir les opérations du secteur privé et du secteur public dans les Etats membres, avec effet à compter de janvier 2007. Cette nouvelle forme est restée jusqu’à ce jour.
La Banque a impacté l’ensemble des quinze Etats membres de la CEDEAO à travers ses modes d’intervention en matière de dette, de fonds propres et de garanties. A fin 2022, la BIDC a engagé plus de 3,7 milliards de dollars US dans divers secteurs des Etats membres de la CEDEAO.
Conformément à la vision de la CEDEAO de favoriser l’intégration régionale, la Banque a jugé nécessaire de contribuer aux éléments constitutifs, catalyseurs de cette mission. Il était nécessaire de prêter attention au secteur financier (qui était dominé par des entités étrangères), de faciliter le transport aérien au sein de la sous-région (étant donné que les vols intra-ouest-africains devaient d’abord faire escale dans d’autres parties de l’Afrique et même parfois en Europe) et de poursuivre des objectifs en rapport avec le climat, entre autres. Celles-ci ont abouti à la décision de la Banque de s’associer à d’autres parties prenantes pour atteindre, entre autres, les objectifs suivants : la BIDC a lancé le Fonds africain pour les biocarburants et les énergies renouvelables (FABER), devenu CABER ; elle a été partenaire et gestionnaire du Fonds de garantie des industries culturelles (FGIC) ; elle a été l’un des actionnaires fondateurs d’ASKY Airlines ; et elle a été le principal actionnaire fondateur de Ecobank Transnational Inc.
La BIDC aujourd’hui et demain
La Banque ne se repose pas sur ses lauriers. Effet, le Plan stratégique de la Banque vise à presque doubler son bilan au cours de la période de cinq (5) ans (2021-2025), en investissant dans les pôles de croissance des États membres, en promouvant l’intégration régionale, en promouvant la prestation des soins de santé, en assurant la protection sociale et la résilience climatique, ainsi qu’en investissant dans l’éducation.
Grâce à la poursuite incessante des objectifs de la stratégie 2025, la Banque a plus que doublé son bilan à la fin de l’année 2022, après seulement deux ans de mise en œuvre, avec des approbations de projets et des engagements à un taux de réalisation de 77,7% et 97,5%, respectivement. La mobilisation des ressources et les décaissements ont également été de 53,4 % et 52,7 %, respectivement, au cours de la période et le portefeuille de prêts a atteint 97,7 % de l’objectif au cours de la même période.
La croissance du portefeuille de prêts au cours des trois dernières années est inégalée dans l’histoire de la Banque. Cela démontre le niveau d’engagement indéfectible avec lequel la direction et le personnel aident les Etats membres à se remettre du récent malaise économique, tout en améliorant la situation de la Banque.
La Banque a également atteint les onze objectifs de développement durable (ODD) sur lesquels le Plan stratégique est aligné, notamment en tenant compte des paramètres environnementaux et de durabilité, conformément à la Stratégie 2025.
Au cours des deux prochaines années, dans le cadre du Plan stratégique de la Banque, nous travaillerons à l’amélioration continue des processus internes de la Banque, en vue d’améliorer les délais d’exécution et de générer des résultats favorables. Nous améliorerons également l’infrastructure informatique de la Banque et consoliderons le rendement financier dans le but de placer la Banque sur le piédestal d’une croissance accélérée.
Plus important encore, la Banque continuera d’investir dans les pôles de croissance des États membres, en vue de faciliter une reprise rapide après les récents chocs externes qui ont érodé certains des gains socioéconomiques réalisés avant 2020. La Banque investira dans les infrastructures de transport, l’agriculture, le secteur financier, l’énergie, l’industrie, la santé et l’éducation, entre autres, au cours des deux prochaines années afin de contribuer à la création d’emplois et à la réduction de la pauvreté.
En partenariat avec les États membres, nous renforcerons notre présence dans les États sous-représentés, en vue d’accélérer la croissance et le développement et d’éradiquer la pauvreté. La Banque continuera de mettre l’accent sur le financement des PME et du commerce, les bastions de la croissance et de l’emploi dans notre sous-région, tout en continuant à favoriser le développement des infrastructures, qui sont des catalyseurs de l’industrialisation et du commerce.
La direction et le personnel de la Banque restent résolus dans la poursuite des actions en faveur de l’éradication de la pauvreté. A cette fin, leurs opérations au cours des deux prochaines années continueront de s’aligner sur le thème de la Stratégie 2025, à savoir « Vers une CEDEAO restaurée, habilitée et résiliente ».