Par Blimpo Boldja
L’élevage joue un rôle économique et social de premier plan au Togo. Le secteur a contribué pour 14% du PIB agricole et 6% du PIB total du pays selon le ministère en charge de l’Elevage. Le gouvernement togolais qui s’efforce à promouvoir l’élevage a un grand intérêt pour l’élevage biologique et en fait une priorité.
Le secteur est prometteur et comporte de nombreux atouts. Aujourd’hui, des jeunes et groupements agricoles s’y lancent comme solution aux problèmes d’emplois. C’est le cas de la coopérative “Djintou Bio” basée à Cinkassé dans la commune Cinkassé. Cependant, l’élevage biologique est un secteur qui rencontre des difficultés dont celles financières.
L’élevage biologique consiste à élever des animaux sans utiliser des produits chimiques et des organismes génétiquement modifiés dans le but de respecter la terre et les animaux. Il est une activité très rentable et indispensable pour la population à cause de la qualité saine de ses produits. L’élevage biologique permet de fournir de la viande de qualité à la population contribuant à lui garantir une bonne santé et à réduire la pauvreté.
Les grands principes de l’élevage biologique
Les grands principes comprennent la mixité en production animale ; l’origine des animaux ; le logement et l’accès au parcours (plein air).
La mixité est la conduite simultanée sur une même exploitation d’une ou plusieurs catégories d’animaux en bio et en conventionnel. Elle peut être tolérée temporairement sous certaines conditions ou bien interdite, selon les cas. La réglementation prévoit certaines limites. Par exemple, la mixité de même espèce est interdite (bovins lait bio et bovins viande conventionnel) mais tolérée si les espèces sont différentes : ovins en conventionnel et bovins en bio.
Généralement les animaux doivent provenir d’élevage bio. Toutefois, le règlement autorise des achats d’animaux hors agriculture biologique sous certaines conditions et sous réserve. En revanche, des règles sont à observer selon chaque cas (nombres, âges…) et des périodes de reconversion sont à respecter (ex : 6 mois pour un bovin lait). Enfin, l’éleveur privilégiera des races autochtones de préférence et rustiques et l’utilisation de races moins sensibles aux mises bas difficiles (césarienne).
L’élevage hors sol est interdit. Lors des périodes où l’animal est à l’abri (étable, bergerie…), chaque animal dispose d’une surface minimum lui permettant de se mouvoir librement (espace des animaux réglementés : minimum 1m²/ 100 kg). De plus, toutes les dispositions pour que le bien-être animal soit idéal sont mises en oeuvre comme l’isolation, le chauffage, une ventilation étudiée pour éviter toute concentration de gaz nuisible ainsi qu’un maximum d’éclairage naturel.
L’aire de couchage est généralement constituée de litière de paille ou de matériaux naturels. Cependant, selon les élevages, des surfaces en dur sont tout de même autorisées comme les caillebotis, sortes de parquets ajourés en plastique dont le pourcentage est passé de 25 % à 50 % depuis 2009. Des aires d’exercices pour que les animaux se dégourdissent sont aussi réglementées.
La taille des élevages est limitée. C’est-à-dire qu’un chargement maximal des pâtures ne peut être dépassé. Il est de 2 Unités Gros Bétail par hectare (2 UGB/ha). Tous les animaux ont accès au parcours et les ruminants pâturent dès que les conditions le permettent. Des protections suffisantes contre la pluie et le soleil doivent être prévues.
L’élevage biologique, une solution pour une meilleure santé
L’élevage biologique promeut la consommation des produits locaux tout en garantissant une santé saine à la population. M. Djintou Djibril, responsable de la coopérative “Djintou Bio souligne que : « de nos jours, nos aliments sont infectés de produits chimiques, lesquels sont néfastes pour notre santé. C’est pour relever ce défi de santé que la coopérative a opté pour ce genre d’élevage ». Il précise qu’« aucun produit chimique n’est utilisé dans l’élevage que nous faisons. Le bétail et la volaille sont soignés d’une manière biologique et leur alimentation est essentiellement composée des produits locaux et naturels ».
Le directeur préfectoral de l’Agriculture et l’Elevage de Cinkassé, Anougoulo Adjaote a affirmé que ce type d’élevage a beaucoup d’avantages. D’abord sur le plan santé il apporte de la viande pleine de vitamines telles que les B1, B2, B3, B6 et B12 et l’acide saturé. Elle contient également des sels minéraux et des protéines. Sur le plan économique, on dépense moins pour nourrir et soigner les animaux dans l’élevage biologique contrairement à l’élevage exotique qui demande beaucoup de moyens financiers pour la nourriture et les soins.
M.Sankardja Sambiani, éleveur traditionnel à Cinkassé, relève que le goût de la viande provenant de l’élevage biologique est meilleur par rapport à celui de la viande d’animaux issus de l’élevage exotique. Mme Sandago Azaratou, responsable d’un foufou bar confie que ses clients préfèrent plus la viande biologique à celle provenant de l’élevage exotique. En plus les déchets des animaux élevés biologiquement constituent de l’engrais organique pour la terre.
Des résultats inestimables
Les résultats de l’élevage biologique sont très efficients et produit des animaux sains selon le directeur préfectoral de l’Agriculture et l’Elevage. A la coopérative « Djintou Bio », les responsables sont très comblés après deux ans d’activités. « Avec un seul couple de chaque espèce au départ, notre coopérative compte aujourd’hui 5 bœufs, 10 moutons et 10 chèvres importées du Tchad. Du côté de la volaille, elle dispose de 100 pintades améliorées, plus de 80 poules et coqs du sahel, une dizaine d’oies et canards, 50 cailles et plus 60 pigeons manding » a indiqué M. Djindou. Ce résultat est le fruit du travail d’une équipe dynamique sous la houlette du promoteur et avec la collaboration des services techniques spécialisés de la préfecture.
M.Djintou Djibril envisage avec l’appui techniques de la société ANOA-AGRO de créer un centre de formation en élevage bio pour encourager ce type d’élevage dans le milieu. La recherche de marchés pour ses produits et l’extension de sa coopérative dans la région savanes sont également inscrites dans les perspectives de la coopérative.
Un secteur porteur mais pas sans difficultés
« L’élevage biologique est un secteur porteur et pourvoyeur d’emplois. Des jeunes devraient s’y intéresser pour la création de leurs propres entreprises » a souligné Djintou Djibril qui emploie 15 personnes depuis deux ans. Malgré ses nombreux avantages, le secteur n’est pas sans difficultés. Les difficultés sont d’ordre financières rappelle le promoteur de la coopérative Djintou Bio. En deux ans d’existence, la coopérative a fonctionné sur fonds propres. « Une autre difficulté à laquelle font face les éleveurs biologiques est la recherche d’aliments pour les animaux et leur traitement. Les animaux sont traités sans produits chimiques et sont nourris naturellement. Cela constitue un défi permanent pour les éleveurs. C’est un secteur auquel le gouvernement accorde beaucoup d’importance et des projets sont initiés pour accompagner les éleveurs », a conclu le directeur préfectoral de l’Agriculture et l’Elevage.