Par Sambanne Kanlafaïe
Le gouvernement togolais dans ses projets de développement a réalisé dans la préfecture de Blitta, divers ouvrages dans plusieurs domaines, notamment dans l’électrification. Quelles infrastructures énergétiques disposait cette préfecture à l’indépendance du Togo en 1960 ? Qu’est-ce qui a changé 63 ans après ? et les effets de ces infrastructures sur la vie de la population ?
Etat des lieux des infrastructures énergétiques de Blitta en 1960
« Dans les années 1960 à 1970, la préfecture de Blitta comme dans la plupart des préfectures était sans électricité. Les populations se servaient des lampes à pétrole et des lampions pour s’éclairer leurs maisons », a indiqué M. Kataka Badjamna, président du Comité de développement du quartier (CDQ) de Madjatom.
D’après le président du CDQ, après les années 1970, l’installation des groupes électrogènes du Chemin de fer du Togo (CFT) a permis d’assurer l’éclairage du quartier administratif et certains services. De 1980 à 2000, dit-il, en plus de ces infrastructures il y a eu l’extension dans certains quartiers tels que Zongo et Campement avec quelques branchements privés dans certaines maisons grâce à l’installation d’un nouveau groupe de l’Etat. L’extension de la lumière dans presque tous les quartiers et quelques rues de la ville de Blitta a été effective en 2001 grâce à la Compagnie énergie électrique du Togo (CEET) qui a renforcé le système d’électrification par le biais de la haute tension et les transfos installées dans la ville de Blitta. Mais de l’avis de M. Kataka, l’infrastructure énergétique qui fait aujourd’hui la fierté de la préfecture est la mise en service à partir de 2021 de la centrale solaire photovoltaïque de Blitta qui est venue consolider celle existante pour conférer à la préfecture et ses environs leur autonomie en matière énergétique.
La centrale solaire photovoltaïque de Blitta
A sa création, la centrale a été opérationnelle après une première phase de travaux qui lui a permis d’obtenir une capacité de 30 MW. La seconde phase, mise en œuvre en 2021 a porté la capacité de la centrale à 50 MW. La troisième phase a été lancée le 21 mars dernier avec pour objectif d’atteindre 70 MW, une nouvelle avancée avec 20 MW supplémentaires. In fine, l’infrastructure deviendra avec ses 117 hectares couverts par les plaques, la plus grande centrale solaire photovoltaïque de la sous-région ouest-africaine.
Le site du projet est situé à 550 m du village de Blitta-Losso. La centrale est le fruit d’un partenariat public-privé (PPP) et exécutée par l’entreprise AMEA, filiale du groupe d’Abou Dhabi. Cette infrastructure vise à réduire la dépendance énergétique du Togo. Elle va également contribuer à l’atteinte des objectifs du Plan national de développement (PND) en facilitant l’accès à l’énergie renouvelable de qualité aussi bien en milieu urbain qu’en milieu rural pour une couverture universelle d’ici 2030.
La nouvelle extension en cours de réalisation vise particulièrement à garantir à la ville une autonomie en termes d’électricité. Cette infrastructure a déjà permis d’atteindre une production annuelle de près de 83 000 MWH en 2022 en prévision de 82 000 MWH. Elle vient en appui à de nombreux projets de développement des énergies renouvelables réalisées sous l’impulsion du chef de l’Etat à savoir l’initiative présidentielle cizo pour l’électrification rurale à partir des kits solaires, individuels, les projets de lampadaires solaires et les mini -centrales solaires dans la préfecture.
Avantages du projet pour la population
Les retombées de ce projet sont multiples dans les domaines tels l’environnement, les infrastructures socioéducatives et sanitaires et le transfert des compétences technologiques. A cela s’ajoute la création de près de 700 emplois directs et indirects pour la population du pays en générale et celle de la préfecture de Blitta en particulier.
Avec la troisième phase, la centrale solaire photovoltaïque sera raccordée au réseau de la Communauté électrique du Bénin (CEB) et alimentera désormais 222 000 foyers contre 158 333 actuellement. Pour le Togo, il s’agit d’un nouveau pas vers l’atteinte de l’objectif gouvernemental de 50% de part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
La centrale solaire, une solution au changement climatique
La centrale produit de l’énergie verte, idéale dans le contexte de la transition énergétique. L’énergie solaire n’émettant pas de gaz à effet de serre ou de dioxyde de carbone, elle permet ainsi de lutter contre les changements climatiques. Cette énergie est gratuite et inépuisable. Les seules dépenses sont liées à l’achat du matériel pour son installation.
Sur le plan socioéconomique
La centrale offre des avantages sur le plan socio-économique. M. Nima Samuel, chef de ménage résidant à Tadjan dans la commune de Blitta 3, a souligné que depuis l’installation de la centrale solaire, il n’y a plus baisse de tension électrique, ce qui permet aux artisans de mener librement leurs activités sans interruption. « Dans tous les cantons de la commune Blitta 3, l’extension a connu un progrès significatif. Avant tout le monde ne pouvait être branché au même moment à cause de la baisse de tension. Aujourd’hui ce n’est plus le cas grâce à l’énergie solaire. Cette phase d’extension permettra à toute la population de Blitta d’être autonome en termes d’énergie », a-t-il fait entendre.
Pour Abotchi Agbaké, chef de ménage à Blitta-gare, la ville de Blitta a connu un changement positif en termes d’éclairage public et d’extension dans les différents quartiers. Blitta s’est transformé par l’implantation d’usines et d’unités de transformation créant ainsi des emplois pour les jeunes de Blitta et de ses environs.
Ali Abidé est une bénéficiaire du transfert monétaire à Egloudè affirme : « je n’ai plus de soucis pour recharger mon téléphone lorsqu’une tranche me parvient. Avec mon compte flooz j’ai déjà reçu des transactions à plusieurs reprises ».
Un grand atout sur le plan éducatif
Le secteur éducatif bénéficie énormément de l’implantation de cette centrale. M. Kolani Jule, professeur de SVT, a déclaré que la lumière de la centrale solaire lui permet de rédiger ses fiches et de poursuivre la correction des copies même à des heures tardives. « Avant, je ne pouvais pas le faire par manque d’électricité, j’avais du retard sur mes fiches et sur la remise des copies. Ce qui entrainait le mécontentement des élèves », a-t-il confié.
Mlle Yadja Kami, élève en classe de 3ème témoigne : « depuis l’installation de la centrale solaire de Blitta, je n’ai plus de soucis pour apprendre mes leçons. Ces deux dernières années scolaires, j’ai observé une nette amélioration de mes résultats.
La centrale, contribue à une meilleure prise en charge des patients
Les soignants comme les soignés sont tous satisfaits. Les centres de santé à présent équipés en énergie électrique, arrivent non seulement à conserver les vaccins en vue d’éviter un risque de détérioration, mais aussi n’ont plus de soucis dans l’utilisation du matériel sanitaire électrique. Grâce à l’alimentation électrique des centres de santé, les soignants offrent de meilleurs services à leurs patients.
M. Takam Koffi, mécanicien, se souvient : « l’année dernière notre maman était malade, et c’est parce que nous avions la lumière que nous avions su pendant la nuit que sa santé se dégradait davantage. Et c’est comme ça que nous avons pu la transporter d’urgence à l’hôpital et grâce à Dieu elle vit encore aujourd’hui ».
Comme eux, la plupart des habitants de la préfecture se réjouissent de l’implantation de cette centrale et expriment leurs reconnaissances au président de la République.