
Par TASSEBA M’Bolaba
La célébration le 8 mars de la journée internationale des droits de la femme est diversement appréciée au Togo. Des analphabètes, certaines couches sociales et même certains intellectuels pensent que la célébration de cette journée est une occasion pour la femme de se distraire, de se récréer, de fêter en pagnes neufs griffés à la date du 8 mars. Ces catégories d’individus du genre masculin comme féminin tiennent presque le même langage détourné du vrai sens de cette journée.
Interrogés sur le sens de cette journée, certains hommes disent qu’elle est une journée au cours de laquelle la femme doit se réjouir, se faire belle pour mettre en valeur sa féminité et par conséquent son mari doit lui donner les moyens s’il en dispose pour lui permettre de se faire plaisir. De même, beaucoup de femmes prétendent que la journée internationale des droits de la femme est une occasion au cours de laquelle la femme doit être dorlotée et mieux traitée par « son homme » qui doit satisfaire ses désirs en lui offrant ce dont elle a besoin. C’est ainsi que des groupes de femmes, dont l’idée de réjouissance prédomine sur la recherche de solutions à leur problème d’évolution, s’organisent à l’approche de la date du 8 mars à cotiser de l’argent. Elles utilisent cette somme pour se faire des uniformes et pour se partager de bons plats accompagnés de boissons. Ces groupes se divertissent jusqu’au soir ignorant les problèmes auxquels elles sont confrontées.
Une opportunité pour les femmes de réclamer leurs droits

Le ministère de l’Action sociale et de la Promotion de la Femme rappelle que la célébration de la journée internationale de la femme est une opportunité offerte à celle-ci de prendre conscience de sa situation, de réfléchir sur les voies et moyens pour améliorer sa condition de travail et de vie afin de pouvoir s’épanouir au même titre que l’homme. Loin d’être une occasion de réjouissance, c’est plutôt une occasion de réflexion, d’analyse et de recherche de solutions aux problèmes qui freinent son évolution et son émancipation.
Au Togo, c’est justement dans ce cadre de la commémoration de la journée internationale de la femme que le gouvernement organise des causeries débats. A titre d’exemple, pour l’édition 2023, au niveau du ministère en charge de l’Administration territoriale, lors d’une causerie débat marquant cette célébration, la présidente de la cellule focale genre, Mme Thérèse Namalo Gnakou a indiqué que le 8 mars n’est pas pour les femmes une journée de fête. C’est plutôt, dit-elle, « une occasion pour elles d’examiner les réalisations en faveur des femmes, d’identifier les obstacles et les moyens de les surmonter et d’anticiper les perspectives comme voie d’accès à la participation active des femmes au processus de développement ».
En prélude à cette célébration, la ministre de l’Action sociale de la Promotion de la Femme et de l’Alphabétisation, Adjovi Lolonyo Apédoh-Anakoma a, lors d’un message à la nation le lundi 6 mars, pour encourager les innovations technologiques sensibles au genre, invité les femmes à saisir toutes les opportunités pour renforcer leur autonomisation et partant, leur épanouissement. Cette invite montre à suffisance le sens que les autorités togolaises donnent à la journée internationale de la femme. A cet effet, le partage du repas accompagné de quelques breuvages après les discussions et les échanges et les décisions ne doit pas du tout détourner le vrai sens de cette manifestation.


Cette journée est encore appelée journée internationale des droits de la femme. Ces droits comprennent le droit de vivre libre de toute violence et discrimination, le droit au meilleur état de santé physique et mentale susceptible d’être atteint, le droit à l’éducation, le droit à la propriété, le droit de voter et le droit à un salaire égal.
Les Nations Unies ont officialisé la journée du 8 mars en 1977. Toutefois, cette journée puise ses origines dans l’histoire des luttes ouvrières et des manifestations de femmes au tournant du XXe siècle en Amérique du Nord et en Europe. La première « journée nationale de la femme » est célébrée aux États-Unis le 28 février 1909 à l’appel du Parti socialiste d’Amérique. L’année suivante, une militante allemande, Clara Zetkin, propose, lors de la IIe conférence internationale des femmes socialistes, de célébrer une journée internationale des femmes.