
Par Joseph KANDA
La radiologie et l’imagerie médicale font partie intégrante d’un service hospitalier d’envergure préfectorale pour offrir des soins de qualité à la population. Le Centre hospitalier préfectoral (CHP) de Tchamba, à 400 km au nord-est de Lomé, en a été privé depuis 2010, pour une panne du matériel. Près de 13 années plus tard ce service est redevenu opérationnel grâce à l’appui de l’Etat à travers le ministère de la Santé. Depuis le lundi 9 janvier, le CHP de Tchamba dispose de matériel adéquat pour tout examen radiographique standard suscitant un sentiment de satisfaction chez le personnel soignant et un soulagement chez les patients.
Un sentiment de satisfaction chez le personnel soignant

Le nouvel appareil de radiologie et d’imagerie médical a été réceptionné par le directeur préfectoral de la Santé par intérim d’alors, Dr Baféna Kérima. Sourire aux lèvres, il a indiqué qu’« Aujourd’hui le diagnostic de la plupart des maladies passe par la réalisation d’une imagerie médicale. Cet outil dont nous venons de bénéficier va jouer un rôle capital dans la prise en charge des patients ». Il a souligné qu’avant ce jour, les patients étaient envoyés au CHR de Sokodé ou dans d’autres cliniques privées de la région pour faire ces examens. « Vous imaginez des patients qui sont grabataires au lit, et qu’il faut déplacer à plus de 35 km pour réaliser ces examens. C’est pénible. Aujourd’hui c’est un atout considérable pour l’hôpital, les malades et l’entourage des patients. Cet équipement va contribuer à la prise de décision rapide au niveau des patients, car un retard diagnostic peut être la cause d’un décès », a-t-il ajouté. Dr Baféna a exprimé sa gratitude aux autorités du pays pour leur souci permanent du bien-être de la population.
Le nouveau directeur préfectoral de la Santé (DPS) Dr. Wasungu Ditorguena estime que l’autre avantage selon lui, c’est en termes de coût : « les patients vont dépenser moins pour faire la radio parce que les frais de déplacement Tchamba-Sokodé sont supprimés et le patient peut les utiliser pour sa prise en charge ». Il a relevé que le nouvel appareil contribue à rendre les soins plus accessibles au patient et améliorer la qualité des soins.
Pour le directeur du Centre hospitalier de Tchamba, Dr Raymond Kutowogbé Yawo, la radio c’est un moyen de diagnostique incontournable. « Elle nous aide beaucoup à découvrir ce qui se passe au niveau de la poitrine et des poumons, et nous montre la conduite à tenir. Dans les traumatismes et tout ce qui concerne les os, c’est la radio qui nous dirige également, et c’est une grande joie pour nous d’en disposer désormais pour mieux faire nos prestations de soins » a-t-il confié. Au-delà des avantages sur le plan médico-chirurgical, le directeur explique que sur le plan financier, la radio contribue à l’augmentation des recettes de la structure sanitaire. « Quand les accidentés, à cause d’une seule radio doivent parcourir une longue distance pour aller à Sokodé avec une route en piteux état, ça décourage. Quand la radio est sur place, la population gagne beaucoup et le centre également »
Le technicien de la radiologie au CHP, Digbèrègou Aminou souligne que « Depuis la panne de l’équipement en 2010, les malades ne font que des va-et-vient sur Sokodé. L’état de la route empirait parfois les douleurs chez les malades. Nous sommes très ravis aujourd’hui. Nous avons propagé l’information au sein de la population afin de lui redonner espoir. Depuis la reprise de ce service à ce jour (janvier-mars 2023) nous avons déjà enregistré environ 200 patients », dit-il.
Soulagement observé chez les patients
Dans la cour de l’hôpital, quelques patients informés de l’opérationnalisation du service de radiologie ne cachent pas leur joie. « Il était temps. J’ai reçu le bulletin d’analyse qui demandait une radiologie, et je me plaignais en pensant à ce long trajet qu’il fallait parcourir pour la faire à Sokodé, avec l’état défectueux de la route et ma santé fragile. Je viens d’apprendre que le service est désormais disponible sur place. Je suis soulagée » a indiqué une patiente, son bulletin d’analyse en main.
M. Yoro, un enseignant à la retraite trouve qu’il était temps de soulager les peines des populations. « A cause de l’absence de radio, les gens ont dû se faire hospitaliser directement au CHR ou dans d’autres cliniques de Sokodé où la radio se fait sur place. Tout ceci pour éviter de faire les allers-retours, sans parler des moyens financiers, avec les risques liés aux accidents de circulation liés à l’état de la route. Je félicite le gouvernement pour cet effort ».
L’ancien matériel est tombé en panne en 2010. Le technicien d’alors n’est plus en fonction au CHP de Tchamba. Il était assisté de M. Digbèrègou, un agent formé sur le TAS qui fait actuellement office de technicien de radiologie. Ce dernier explique qu’on aurait identifié une panne du générateur, causée par une baisse de tension. « La direction d’alors avait fait des démarches pour que la panne soit réparé. Un compteur avait été installé uniquement pour le service, des câbles ont été changés, mais le problème a persisté » a-t-il ajouté.
Le nouveau directeur du CHP, explique qu’il y a eu toute une série de panne des appareils de radio à travers le pays, et ces derniers sont tous d’une même marque. « A mon dernier poste avant d’arriver à Tchamba, c’est la même marque qu’ils ont essayé de réparer en vain. Ils ont tenté, ils ont envoyé des techniciens de cette marque à l’époque pour réparer ces radios mais le résultat est toujours négatif » a-t-il confié. Tout porte à croire qu’il ne s’agissait pas d’une mauvaise manipulation mais plutôt d’un défaut au niveau de la conception des machines.
Maintenance des appareils
Pour la maintenance du nouvel appareil, Dr Kutowogbé explique qu’il n’y a pas de technicien sur place à part les bio techniciens de la région à Sokodé. L’agent qui fait office de technicien au CHP de Tchamba est formé sur le TAS. Il a appris le métier en le pratiquant directement, sans formation préalable, d’après le directeur. « Il est le seul au CHP qui manipule la machine. Il se débrouille assez bien et maitrise la technique. Ce dernier aurait d’ailleurs sollicité qu’on l’envoie à une formation pour qu’il ait le niveau et surtout les papiers requis »
Avant de partir pour son nouveau poste d’affectation, le DPS intérimaire, Dr Baféna avait annoncé de bons auspices pour le CHP de Tchamba. « Nous sommes, petit à petit, en train de redorer le blason du plateau technique du CHP. Très bientôt, nous aurons un appareil d’électrocardiogramme qui va permettre de favoriser et de faciliter le diagnostic de certaines pathologies cardiorespiratoires chez les patients. Nous envisageons également acquérir un échographe et élargir le plateau technique au niveau du laboratoire au cours de cette année » avait-il déclaré. De bonnes nouvelles qui redonnent confiance à la population quant à la qualité des prestations de soins dans la formation sanitaire.
La santé n’a pas de prix, dit-on, et l’Etat qui en est conscient lutte quotidiennement pour améliorer le système de santé à travers diverses actions inscrites dans la feuille de route gouvernementale. La construction des infrastructures et l’équipement des centres de santé en sont une preuve palpable. A cela s’ajoute aussi la formation du personnel qualifié, même s’il reste encore beaucoup à faire.